L'âme de Napoléon
Léon Bloy
L'âme de Napoléon
Léon Bloy
"Mais voici. Napoléon n’était pas la multitude. Il était seul, absolument, terriblement seul, et sa solitude avait un aspect d’éternité. Les anachorètes fameux de l’antiquité chrétienne avaient, dans leurs déserts, la conversation des Anges. Ces saints hommes étaient isolés, mais non pas uniques ; ils se voyaient entre eux quelquefois, et leur dénombrement est difficile. Napoléon, semblable à un monstre qui aurait survécu à l’abolition de son espèce, fut vraiment seul, sans compagnons pour le comprendre ou l’assister, sans anges visibles et, peut-être aussi, sans Dieu ; mais cela, qui peut le savoir ?"
A propos de l'auteur
Léon Bloy, né le 11 juillet 1846 à Périgueux et mort le 3 novembre 1917 à Bourg-la-Reine, est un romancier et essayiste français. Connu pour son roman Le Désespéré, largement inspiré de sa relation avec Anne-Marie Roulé, il est aussi un polémiste célèbre. De son œuvre, on retient surtout la violence polémique, qui explique en grande partie son insuccès mais qui donne à son style une force, un éclat et une drôlerie uniques. Pour autant, l'inspiration de Bloy est avant tout religieuse, marquée par la recherche d'un absolu caché au-delà des apparences historiques. Tout, selon Bloy, est symbole : reprenant le mot de saint Paul, il ne cesse d'affirmer que « nous voyons toutes choses dans un miroir », et que c'est précisément la mission de l'écrivain que d'interroger ce « grand miroir aux énigmes ». Certains voient en Bloy un anarchiste de droite ou « le modèle des pamphlétaires de droite », « récupération » dénoncée par Michèle Touret.